18 avril 2023

Une nouvelle étude de cohorte pour dénombrer les événements indésirables pendant une hospitalisation et leur évitabilité

Background. Adverse events during hospitalization are a major cause of patient harm, as documented in the 1991 Harvard Medical Practice Study. Patient safety has changed substantially in the decades since that study was conducted, and a more current assessment of harm during hospitalization is warranted. Methods. We conducted a retrospective cohort study to assess the frequency, preventability, and severity of patient harm in a random sample of admissions from 11 Massachusetts hospitals during the 2018 calendar year. The occurrence of adverse events was assessed with the use of a trigger method (identification of information in a medical record that was previously shown to be associated with adverse events) and from review of medical records. Trained nurses reviewed records and identified admissions with possible adverse events that were then adjudicated by physicians, who confirmed the presence and characteristics of the adverse events. Results. In a random sample of 2 809 admissions, we identified at least one adverse event in 23.6%. Among 978 adverse events, 222 (22.7%) were judged to be preventable and 316 (32.3%) had a severity level of serious (i.e., caused harm that resulted in substantial intervention or prolonged recovery) or higher. A preventable adverse event occurred in 191 (6.8%) of all admissions, and a preventable adverse event with a severity level of serious or higher occurred in 29 (1.0%). There were seven deaths, one of which was deemed to be preventable. Adverse drug events were the most common adverse events (accounting for 39.0% of all events), followed by surgical or other procedural events (30.4%), patient-care events (which were defined as events associated with nursing care, including falls and pressure ulcers) (15.0%), and health care – associated infections (11.9%). Conclusions. Adverse events were identified in nearly one in four admissions, and approximately one fourth of the events were preventable. These findings underscore the importance of patient safety and the need for continuing improvement. (Funded by the Controlled Risk Insurance Company and the Risk Management Foundation of the Harvard Medical Institutions.)

Commentaire du Dr Marius Laurent (PAQS)

  • Cet article rappelle évidemment un des monuments qui a servi de fondation au mouvement naissant de la sécurité du patient (The Harvard Medical Practice Study – HMPS de 1991 [1,2]). Le lecteur est évidemment tenté de chercher la réponse à cette question : en trente ans, les choses ont-elles fondamentalement changé ? Les auteurs prennent soin de ne pas répondre directement à cette question. Ils soulignent les différences méthodologiques entre les principales études publiées, qui rendent les comparaisons hasardeuses. L’étude présente porte sur un échantillon de 11 hôpitaux du Massachusetts dont la responsabilité est assurée par la même compagnie. Un échantillon de 2 836 hospitalisations pendant l’année 2018 sera soumis à la revue des dossiers. Notons que 10 de ces hôpitaux utilisent des dossiers informatisés « commerciaux » (dont 8 utilisent Epic), ce qui révolutionne ce travail de revue par rapport à 1991 ! Des triggers sont utilisés pour détecter les événements indésirables (EI), qui sont classés en catégories, ce classement est revu par une seconde lecture (les auteurs soulignent que l’agrément entre les deux observateurs est correct sans plus : kappa entre 0,54 et 0,64 selon les éléments comparés). Les comparaisons avec l’HMPS, ou avec les études Utah et Colorado [3] sont difficiles : l’une et l’autre incluent des complications présentes à l’admission (ne survenant pas du fait du séjour). C’est aussi le cas pour l’étude de Landrigan [4] qui s’étale, elle, sur six ans en utilisant systématiquement le Trigger Tool de l’Institute for Healthcare Improvement. De plus les critères d’inclusion des EI selon leur gravité sont plus stricts dans les deux premières études. Si la détection des complications infectieuses s’est fort améliorée, ce n’est pas le cas par exemple de celle des erreurs de diagnostic (seulement 10 erreurs de diagnostic ayant causé un EI pour toute l’étude présente). Les comparaisons, et le suivi dans le temps des EI seront sans doute facilités par l’usage des dossiers informatisés qui se généralisent et permettent une exploitation par des systèmes d’intelligence artificielle, susceptibles de faire de nos outils de signalements spontanés des pièces de musée.

Bates DW, Levine DM, Salmasian H, et al. The safety of inpatient health care. N Engl J Med 2023;388(2):142-153. Doi : 10.1056/NEJMsa2206117.

Notes :

1- Leape LL, Brennan TA, Laird N, et al. The nature of adverse events in hospitalized patients. Results of the Harvard medical practice study II. N Engl J Med 1991;324(6):377-384.
2- Brennan TA, Leape LL, Laird NM, et al. Incidence of adverse events and negligence in hospitalized patients. Results of the Harvard medical practice study I. N Engl J Med 1991;324(6):370-376.
3- Thomas EJ, Studdert DM, Burstin HR, et al. Incidence and types of adverse events and negligent care in utah and colorado. Med Care 2000;38(3):261-271.
4- Landrigan CP, Parry GJ, Bones CB, et al. Temporal trends in rates of patient harm resulting from medical care. N Engl J Med 2010;363(22):2124-2134.