28 avril 2022

Culture « juste » : ce n’est pas aussi simple qu’on le pense. À lire absolument !

L’article souligne d’entrée de jeu le flou qui existe autour de la notion de justice, qui mérite d’être éclaircie si nous voulons promouvoir une culture qui se dit « juste ». L’article s’attache à définir des notions de formes de justice différentes : une justice punitive (retributive justice) qui résout l’asymétrie provoquée par un acte malhonnête par la punition de qui l’a commis ; une justice « no blame », qui détourne le blâme ou la punition de la personne pour l’attribuer au « système ». Cette attribution peut également être partielle, la responsabilité de la personne n’est pas niée, mais par une forme de « justice distributive », elle est partagée avec ledit système ; une justice de réparation, où le déséquilibre est résolu cette fois par la volonté de reconnaître et de soigner le dommage fait. Elle reconnaît l’existence de la victime, mais aussi de la seconde (et troisième) victime et du tort qui leur a été fait et qui nécessite une correction. Les valeurs mises en jeu (proportionnalité des sanctions, responsabilités partagées, et réparation des dommages) sont toutes nécessaires et importantes, malgré les tensions qui peuvent naître entre elles, et qui nécessitent des arbitrages éthiques. Il est aussi des circonstances où la punition est nécessaire et « juste » et est parfois demandée par la seconde victime qui en fait une condition à sa guérison. Il n’y a pas de solution universelle, le débat doit être encouragé1.

Commentaire du Dr Marius Laurent (PAQS)

  • Les auteurs soulignent à juste titre que supprimer le blâme ne suffit pas à définir une culture « juste », que même l’existence et la nécessité de formes différentes de « justices » compliquent le débat, lui donnent une dimension éthique, et que l’avis du patient (la première victime) serait bien utile dans ce débat. Sidney Dekker avait déjà souligné que la « culture juste » dans l’hôpital était souvent simplement de nouveaux atours parant une autorité qui, elle, ne change pas2. Le « juge » est trop souvent celui qui établit les règles et qui est responsable de leur respect, et non une personne compétente et indépendante de la hiérarchie, et la possibilité d’un appel est généralement inexistante. Comment obtenir la confiance du « justiciable » en une telle justice, comment prendre en charge la souffrance de la seconde victime de manière crédible ?

1- Résumé de Marius Laurent. L’article original n’en contient pas.
2- Dekker S. Just culture: balancing safety and accountability. 2nd ed. Farnham, Surrey, England: Ashgate; 2012.
Cribb A, O’Hara JK, Waring J. Improving responses to safety incidents: we need to talk about justice. BMJ Qual Saf 2022. Doi : 10.1136/bmjqs-2021-014333.