05 août 2022

Comment intégrer le Safety-II dans les soins de santé ?

Un article de plus de la série « the problem with » dans le BMJ Quality and Safety, qui explicite et parfois dépoussière de vieilles notions du monde de la gestion des risques. Il s’attaque cette fois à la controverse Safety-I versus Safety-II. Avec d’emblée un bel esprit critique : ceci n’est pas un panégyrique du Safety-II sans nuances. L’article ne fait pas l’économie d’une référence à un article de Nancy Leveson, peu tendre vis-à-vis de Hollnagel, où elle lui reproche d’avoir construit de toutes pièces une version « épouvantail » du Safety-I, bien loin de la réalité, afin de justifier sa version du Safety-II (Leveson N. Safety III : A systems approach to safety and resilience. MIT, Aeronautics and Astronautics Dept.; 2020). L’article souligne le fait que l’outil « Fram » typique du Safety-II reste un outil compliqué, peu utile à la pratique de tous les jours, que se préoccuper de ce qui marche « bien » est facile à dire, mais manque cruellement d’un mode d’emploi. Les quelques exemples tirés de la vie quotidienne de services d’urgence sont de bonnes illustrations de sujets (peut-être) anecdotiques sur lesquels se pencher : comment les professionnels font-ils face à une charge de travail non programmable et perpétuellement au bord de la rupture. Les auteurs soulignent également le fossé qui peut exister entre les arguments EBM qui visent à contrôler les variables pour éliminer les facteurs confondants et les sujets d’études en sécurité, où la complexité est la règle et où toute visée simplificatrice dénature le problème étudié.

Verhagen MJ, de Vos MS, Sujan M, Hamming JF. The problem with making Safety-II work in healthcare. BMJ Qual Saf 2022. Doi : 10.1136/bmjqs-2021-014396.