22 décembre 2023

Information du patient sur l’acte transfusionnel

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Synthèse des réponses

  • La Société française de transfusion sanguine (SFTS) a rédigé un document de référence relatif à l’information et le consentement du patient transfusé1.
  • La Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar) a validé des documents pour le patient opéré2.
 

Commentaires

L’information du patient sur son état de santé, les investigations, les traitements ou les actions de prévention proposées est une obligation légale [1]. La transfusion sanguine occupe une place particulière compte tenu du traumatisme créé par l’affaire du sang contaminé depuis la décennie 1980-1990. Seule une circulaire précise la nécessité d’une information écrite [2]. Celle-ci ne se substitue pas à sa délivrance au cours d’un entretien individuel [1]. Cet entretien permet de personnaliser l’information délivrée en fonction du contexte (transfusion programmée ou urgente) et du patient (degré de conscience, âge, compréhension, maîtrise du français3). Il permet notamment de répondre aux questions des patients, en particulier quant à l’utilité de la transfusion, à sa sécurité y compris à distance de l’acte, aux alternatives envisageables [3]. En effet, tout doit être fait pour lever toute réticence, limiter les refus et élaborer la stratégie de prise en charge d’un patient qui, malgré tout, s’oppose à la transfusion [3,4].

Cependant, alors que les supports d’information sont disponibles, une étude britannique montre que, si 85% des professionnels disent avoir informé les patients avant la transfusion, seuls 65% des patients disent l’avoir été. Cela tient à une faible proportion d’information écrite (43%). Dans les dossiers, la justification de la transfusion était retrouvée dans 37% des cas, l’information sur les risques dans 38% et celle sur les alternatives dans 8% des dossiers. Dans près de 80% des cas, le consentement à la transfusion était obtenu au terme de l’information délivrée par des médecins dont 72% étaient des internes de 1re ou 2e année [5].

Cela souligne la nécessité de ne pas se contenter d’une information orale et d’utiliser des supports commentés par des professionnels formés. Les documents doivent contenir une information reposant sur des données validées ; cette information doit être hiérarchisée, synthétique, claire et courte, compréhensible par le plus grand nombre. Pour cela, une version disponible dans les langues les plus parlées en France voire le recours à des supports multimédias est utile. L’information du mineur, du majeur protégé et du majeur qui n’est pas en mesure de recevoir l’information nécessite des modalités spécifiques4. La SFTS précise en outre que l’information comprend également l’information post-transfusionnelle (nature et quantité des produits transfusés, surveillance post-transfusionnelle, exclusion du don du sang). Toute l’information délivrée doit être tracée dans le dossier médical, sans obligation de signature par le patient. Compte tenu de la diversité des situations, il convient donc que chaque établissement élabore, au mieux avec la participation du représentant des usagers, ses propres documents d’information, en s’appuyant sur ceux diffusés par les sociétés savantes5.

Références

1- Code de la santé publique Article 111-2.

2- Circulaire DGS/SQ 4 n°98-231 du 9 avril 1998 relative à l’information des malades, en matière de risques liées aux produits sanguins labiles et aux médicaments dérivés du sang, et sur les différentes mesures de rappel effectuées sur ces produits sanguins.

3- Garraud O, Oriol P, Hergon E. L’information aux patients en transfusion sanguine. Hématologie 2009;15(5):344-353.

4- Villevieille T, Fèvre G, Sfez M, et al. Transfusion de produits sanguins labiles (PSL) : comment informer les patients sereinement sans leur faire peur ? Anest Reanim 2020;6:353-355. Doi : 10.1016/j.anrea.2020.06.005.

5- Booth C, Grant-Casey J, Lowe D, et al. National comparative audit of blood transfusion: report on the 2014 audit of patient information and consent. Transfusion Medicine 2018;28(4):271-276.

Notes :